Déclaration liminaire du SPEP-CFDT à la CCMA du 23 juin


 

 Madame, Monsieur,

Notre déclaration abordera essentiellement deux points : le déroulement des épreuves du baccalauréat et les problématiques liées au mouvement.

Les remontées des collègues nous permettent de pointer de nombreux dysfonctionnements dans l’organisation des épreuves du bac. Ces dysfonctionnements tiennent aussi à la nature même d’une des épreuves organisées, le Grand Oral, et ne semblent guère avoir été anticipés, d’autant que la précipitation à maintenir les épreuves de Français, de philosophie et donc du Grand Oral a encore amplifié les difficultés rencontrées. Commençons le florilège : convocations envoyées à la dernière minute, distorsion renforcée entre le domicile des professeurs et le centre d’examen où ils sont convoqués, convocations simultanées sur plusieurs établissements, nombre d’élèves à faire passer (jusqu’à 16 par jour), binômes de la même spécialité, sans parler de la difficulté pour un professeur de Lettres à évaluer un exposé sur la mécanique des fluides, oraux organisés dans des salles sans fenêtres, collègues convoqués pour absolument tout : oraux, brevet, commission d’harmonisation. Pour la Philosophie, les professeurs sont amenés à participer à une épreuve largement vidée de son sens ; et les chefs de centre ont passé un temps précieux qui aurait pu être employé autrement à scanner des copies de candidats démotivés. Le système Santorin permet aussi d’ajouter des lots de copies à des correcteurs, je pense ici à une coordinatrice du Bac Français qui au lieu des 30 copies promises se retrouve progressivement dans la soirée avec 78 copies. Les copies dématérialisées n’ont été ouvertes à la correction que lundi, alors que les professeurs de Français commencent les journées d’oraux. Il ne reste que les nuits pour corriger…  Le maintien coûte que coûte de ces épreuves, en dépit du bon sens administratif et pédagogique, a surtout pour objectif de graver dans le marbre une réforme discutée, contestée qui ne résout aucun des problèmes de l’institution scolaire. Pour conclure sur ce point, nous citons le sociologue Pierre Merle sur son blog : « Lorsque le site du ministère affirme que « Le grand oral vous forme à prendre la parole en public de façon claire et convaincante », il prolonge cette illusion hypocrite d’une réforme censée aider les élèves en difficulté face à la communication orale alors que, sur cette compétence, la réforme a seulement pour objet d’évaluer les élèves et de les classer ; ce qui revient, le plus souvent, à les ramener à leurs conditions sociales. »

Concernant le mouvement des maîtres, compte tenu de l’évolution programmée des CCMA, les organisations syndicales représentatives n’auront plus les moyens de contrôler les différentes phases du mouvement ; nous redoutons que notre employeur, l’Etat, sans la pression des représentants des maitres, ne fasse pas preuve d’un grand volontarisme pour veiller à l’application des règles ; nous craignons que le rectorat ne se satisfasse d’une validation pure et simple des décisions prises en CAE, qu’il se contente de copier-coller le tableau établi en amont lors de la commission académique de l‘emploi dont le fonctionnement à Paris, par ailleurs, diffère profondément de celui des autres académies. C’est déjà, du reste, largement le cas.

Si le mouvement des maîtres semble avoir posé moins de difficultés cette année, c’est parce que des effets conjoncturels, qui seront probablement durables, comme l’exode accentué des enseignants depuis le confinement vers les métropoles régionales ou des villes secondaires, ont desserré la pression dans certaines disciplines. Elle reste néanmoins importante en Philosophie ou en Lettres. La mobilité intra-académique dans l’enseignement privé sous contrat n’est pas suffisamment dynamique : il reste difficile, sauf pour les matières où l’on manque de professeurs, comme la Physique-Chimie, de changer d’établissement pour faire rebondir sa carrière. Enfin, ces évolutions récentes vont poser le problème des remplacements, d’autant que les politiques conduites ces dernières années n’incitent pas les étudiants à choisir la voie de l’enseignement.

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